Démarche artistique
Je suis musicienne de formation. Je mélange les sons et les tons. “La couleur est l’autre côté du son” . J’aime croire que toutes ces vibrations s’accordent pour créer plus d’harmonie sur la terre.
J’ai une gestuelle vivante et libre. Mon premier geste sur une toile est presque toujours spontané et se crée avec une couleur primaire très nette. Quand je prépare un nouveau tableau, invariablement, je sors les tubes de couleurs primaires et des verts, un peu de blanc et de noir. La dimension de la toile varie selon mes humeurs. Par exemple, je travaille sur plusieurs petits formats avec des techniques mixtes et je les recompose en un plus grand tableau par la suite. Toutes ces couleurs et ces mouvements ainsi réunis dégagent une énergie incroyable. Quand mes états d’âme exigent un geste plus large, plus ample, plus débridé, je les confie à une plus grande surface.
J’aime cette manière de créer parce que je peux y exprimer mon exubérance et communiquer aux autres ma joie de vivre et mes émotions. Quand il m’arrive d’être en colère, la couleur et le geste deviennent très violents. Une colère est noire, le geste s’amplifie en jaune intense, s’accélère en rouge vif. Le mauve accompagne en général mes émotions tristes. Mais la couleur ne va pas sans le geste et vice-versa. Voilà pourquoi le premier mouvement commencé engendre tous les autres et le tableau se déploie ainsi, animé et vibrant. La majesté d’un coucher de soleil suscite en moi un mouvement de symphonie, de grandeur, d’immensité, de splendeur. Le geste est large, ample, profond. J’utilise l’acrylique la plupart du temps. Il m’arrive de faire des figures, du portrait. J’utilise alors le pastel sec en faisant d’abord un dessin au fusain. Je me suis beaucoup amusée avec les couleurs d’aquarelles au tout début. Après trois années d’expériences intenses avec tout ce qui s’appelle couleurs: aquarelle, gouache, encres, crayons de feutre, huile, crayons de couleurs, crayons de cire, je m’en tiens en général à l’acrylique maintenant.
Mes tableaux sont très aériens. Les sujets sont portés à flotter, à s’envoler. Ils s’étirent nonchalamment, sensuellement. Je suis préoccupée par l’équilibre des formes qui surgissent, par la cohérence de la composition. J’essaie de semer de la beauté, de l’élégance. Je travaille très intensément. J’entre dans le tableau, je deviens le tableau, je deviens «Firebird», je suis «Santa Fe», j’oublie le temps qui passe, je ne sens pas la faim. C’est un trip !!! Souvent je m’arrête, je m’assois et je médite sur ce que je viens de créer. Ce temps peut être assez long... cet arrêt peut durer plusieurs jours. Je parle à mon tableau. Ça fait partie du processus créateur. Le tableau en apparence immobile, continue, avance, s’installe dans l’espace. Quelle magie! J’observe le tableau en jouant du piano. Les sons et les tons s’unissent. L’harmonie s’installe. C’est la grande finale. Je me lève la nuit pour le regarder. Avant de poser ma signature j’ajoute plus de lumière ici, un trait plus prononcé là…
...et soudain le tableau est fini, il vit. Je le signe. Vive la vie!
Huguette Thiboutot, artiste peintre du Québec ayant créé des tableaux musicaux en collaboration avec Dominique Lupien. huguettethiboutot.com